Me Ousseynou Kane: « 90% du blé importé est transformé en farine »
Me Ousseynou Kane: "90% du blé importé est transformé en farine"
Africaleadnews – (Senegal) « 90% du blé importé est transformé en farine ; • 91% de la farine produite au Sénégal est destinée à la panification » a révélé ce vendredi Me El Ousseyni Kane, Directeur général du Bureau opérationnel de suivi du Plan Sénégal Emergent (PSE) à la rencontre du mini-lab sur la structuration de la stratégie d’import-substition du blé par les céréales locales.
Selon Me Ousseynou Kane, l’intégration des céréales locales dans la panification, avec un focus sur le mil, le maïs et le sorgho, pour résorber les 50% de blé importé ; le développement de la filière blé au Sénégal pour arriver à une substitution de 100% du blé importé.
Le Sénégal a toujours placé la réduction du déficit de la balance commerciale au cœur de ses priorités à travers la promotion des exportations et de l’import substitution.
Cette option est devenue une nécessité vue le contexte géopolitique actuel entraînant des perturbations dans les chaînes de production, de distribution et d’approvisionnement des céréales et d’autres types de produits essentiels pour le bien-être de nos populations.
Ainsi, dans son rôle de veille stratégique pour anticiper les chocs exogènes devant impacter la trajectoire d’émergence imprimé à travers l’opérationnalisation du PSE, le Bureau Opérationnel de Suivi (BOS) du PSE a réalisé une étude, portant sur la stratégie d’import substitution au Sénégal. Ce travail a permis d’étudier la dynamique des importations du Sénégal au cours de la période 2015-2019 et d’identifier les dix premiers produits importés, dont le blé, pouvant faire l’objet de substitution par une production locale.
Cette initiative qui se veut fédérateur vise à offrir un cadre unique d’actions pour accélérer les efforts déjà entrepris dans le sens de réduire les importations de blé. Sans trop entrer dans les détails, le Mini-Lab a permis d’identifier les leviers sur lesquels la stratégie devra se baser pour réussir la production de farine à base de céréales locales, mais aussi les stratégies et plans de production des céréales locales ciblés au niveau national.
Enfin, le Mini-Lab a aussi permis d’évaluer les besoins en investissements pour la mise en œuvre de la stratégie et d’identifier les mesures d’accompagnement majeures à entreprendre pour sa réussite. Mes collaborateurs reviendront en détail, avec des chiffres à l’appui, sur l’ensemble de ces éléments susmentionnés.
« la facture du blé dans le déficit de la balance commerciale, évalué en moyenne à 120 milliards de francs FCFA par an »
Venu présider la rencontre, le ministre du Commerce, Abdou Karim Fofana, a indiqué que cette problématique est d’une importance capitale compte tenu du coût de la facture du blé dans le déficit de la balance commerciale, évalué en moyenne à 120 milliards de francs FCFA par an. Il s’agit là d’un enjeu de taille auquel nous devons faire face en y apportant une solution définitive, afin de réduire la dépendance du Sénégal dont 65% des importations de blé proviennent de la Russie et de l’Ukraine.
Dans le contexte actuel d’une inflation généralisée des prix à travers le monde, le travail qui vient d’être achevé va contribuer, au-delà de la réduction du déficit de la balance commerciale, à accroître les revenus et à créer de nouveaux emplois à travers le développement des filières locales de produits ciblés dans le processus de panification notamment le mil, le maïs, le blé produit localement, les légumineuses et les tubercules.
Ainsi, toute la chaine de valeur sera impactée, de la production à la transformation en passant par les activités de logistiques de transport, de commerce et de distribution aux ménages. Mesdames et Messieurs 3 Je voudrais aussi me réjouir de la démarche inclusive qui a permis d’associer à ces travaux tous les acteurs à savoir les meuniers, les boulangers, les organisations de producteurs, les organisations patronales, les associations consuméristes, les structures d’appui et d’encadrement des PME-PMI et les services des ministères.
Au terme de ce Mini-Lab, les réformes et mesures majeures proposées aux autorités concernent notamment : la révision du décret 79-655 bis du 7 juillet 1979 rendant obligatoire l’incorporation de la farine de mil dans le pain courant et fixant les normes de qualité de ce pain dit « pamiblé » par la proposition d’un nouveau décret afin d’incorporer davantage de céréales en panification ; des incitations et des mesures d’accompagnement au profit des meuniers et des boulangers ; un modèle de contractualisation entre les producteurs, les meuniers et les boulangers ; une meilleure organisation des filières locales (mil, maîs); un guide d’incorporation des céréales locales ; 6. un plan de communication et un dispositif de pilotage de la stratégie d’import substitution du blé. Il me parait évident que, pour la réussite de ce pari, l’implication continue de tous les acteurs est nécessaire.