Environnement

Storytelling- Aux héroïnes bien nées, la valeur n’attend point…

Storytelling- Aux héroïnes bien nées, la valeur n’attend point...

Africaleadnews– (Sénégal) Fière du village de Mboumbaye dans le Gandiol situé à 21 km de Saint -louis, qui l’a vu naitre dans les années 2000, Marième est une femme mareyeuse, transformatrice de produits halieutiques artisanaux, depuis 10 ans.

Une dizaine d’années durant lesquelles, elle a séduit plus d’un, faisant d’elle une héroïne, dans son domaine d’activités économiques où toutes les lignes de sa chaine de valeur ont toujours fonctionné jusque-là, réussissant l’odyssée atlantique à la force d’abnégation, d’audace et de pragmatisme.

Mais avec l’élévation du niveau de la mer due au réchauffement de la planète, l’érosion s’est accélérée. Un phénomène d’origine naturelle, aux causes multiples et qui, jusqu’à récemment, se régulait de lui-même et là où aujourd’hui, la frontière entre la terre et la mer est difficilement traçable.

La furie des vagues dicte sa loi, et continue de perturber la quiétude des communautés côtières, créant sur le coup une autre manière d’être, une autre manière de vivre dans des espaces de travail de plus en plus réduits sur la terre même où leurs ancêtres ont toujours évolué, sacrifiant à la tradition familiale. Ces impacts induisent une précarité socio-économique qui creuse de plus en plus l’écart entre hommes et femmes et détériore les conditions de vie.

Elle travaillait déjà dans des conditions extrêmement précaires, sans protection sociale, sans doute accentuées par l’insalubrité du site de transformation, le manque d’hygiène et de qualité des produits transformés, la pollution par la fumée provenant du braisage des produits à terre, l’absence d’équipements adéquats de transformation. En outre, elle est confrontée à un problème de surpêche étrangère dans sa Saint -louis natale, face à cet océan qui est sensé lui faciliter son travail et qui est en train sous l’assaut et la furie des vagues, de lui pourrir lentement la vie.

Marième, dont les pas ont arpenté les couloirs du marché de poisson central, et dont la voix a retenti tant de fois, angoissée à jamais, en attendant de trouver des jours meilleurs. Même si on la sentait affaiblie, sans doute tenailler, par la perte de son pouvoir d’achat, elle puisait dans ses forces pour ne rien laisser apparaitre dans ce lot de difficultés quotidiennes qui la hantaient.

Vivre dans des difficultés n’est pas pour elle, une onction pour baisser la garde, voulant retrouver un minimum de normalité, il lui est très difficile de rester, toujours statique dans la posture d’arrêt des activités économiques.

Intenable pour elle, éloignée de l’Eldorado, elle ne ménageait jamais sa peine pour sortir sa famille des temps difficiles. Elle a préféré, afin d’adapter son activité vendre, le petit déjeuner malgré elle, pour pouvoir nourrir ses 4 enfants.

Paniers et tables rangés comme de précieux reliques, place maintenant à un espace de travail calme et silencieux dont la seule fonction est de rappeler le passage de cette brave dame sur cette terre de ses aïeuls.

Quand on convoque le génie national pour galvaniser ses troupes, faire reculer les impacts de l’érosion côtière sur les activités économiques, qui ne cherchent qu’à devenir endémique, le génie est avant tout dans la conscience collective du futur possible.

Le projet Waca est passé par là, par la création de cette unité de transformation halieutique avec l’installation des équipements modernes tels que fumoirs et claies de séchage, couplée par infrastructures de protection côtière en soft et en dur.  Ces réalisations s’inscrivent dans le cadre de la floraison flamboyante des PROSES du Projet régional d’Investissement pour la Résilience des Zones côtières en Afrique de l’Ouest (WACA ResIP en anglais) est financé avec l’appui de la Banque mondiale et du Fonds Nordique de Développement pour améliorer la gestion des risques naturels et anthropiques communs, en intégrant les changements climatiques, affectant les communautés et les zones côtières dans six pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre : le Bénin, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie, Sao Tomé-et-Principe, le Sénégal et le Togo.

Sourire vite très retrouvé, par cette brave dame, face aux séquelles de l’érosion côtière qui la marquaient à jamais, l’enjeu est de maintenir en vie des communautés côtières, pour permettre la continuité de leur projet personnel et plus largement, leurs activités collectives, dans un contexte de pandémie, qui, comme partout dans le monde, fragilise un peu plus les acteurs de l’économie informelle déjà confrontés à une importante précarité.

Baye Salla MAR (Waca-Sénégal)

 

 

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