Depuis quelques années l’APR ou du moins ses principaux responsables semblent bercés par une douce illusion qui les rend totalement déconnectés de la réalité politique du terrain.
Alors qu’on pouvait espérer que les résultats des deux dernières élections : locales et législatives allaient appeler de leur part une analyse critique de la situation (à défaut d’une autocritique), sur la manière de gérer les activités du parti ainsi que sur les relations qu’ils entretiennent avec les partis alliés et les mouvements, les responsables du parti affichent au contraire un triomphalisme anachronique.
À part une action initiée par les cadres, les responsables restent sourds et aveugles face au dépérissement continu de la puissante base électorale qui avait été si méticuleusement construite par le Président Macky Sall.
Dans la Diaspora, de Paris à Marseille, en passant par Lyon, Lille et Bordeaux la démobilisation est réelle. Il en est de même pour l’Italie, l’Espagne ou la Belgique. Partout, les raisons invoquées sont les mêmes. Elles tournent essentiellement autour de :
L’inaccessibilité brutale et totale des leaders dès qu’ils sont nommés à des postes de responsabilités comme si leur seul objectif était de rentrer en grâce auprès du Chef.
Le mépris manifesté par certains responsables de l’APR, qui s’adressent aux militants et aux partis alliés sur un ton condescendant, en se prenant pour des khalifes à la place du khalife.
La tendance à prendre les militants pour ce qu’ils ne sont pas « avec des mensonges du genre le président a dit alors qu’ils n’ont même pas vu le Président » sur fond de trafics d’influence de tous genres, notamment lors des visites dites de proximité qui n’ont lieux qu’à la veille des élections.
Les détournements des fonds alloués au fonctionnement du parti, redirigés vers des proches, des affidés et autres relations…
Résultat, les vrais responsables de la majorité présidentielle, ceux-là qui sont en contact directe avec les militants se voient obliger à puiser sur leurs maigres ressources pour animer leurs activités. Le Cadre d’Actions républicaines en est un exemple parmi d’autres.
À ces problèmes qui pèsent déjà lourdement sur le moral des troupes, il faudrait peut-être rajouter d’autres, pour être honnête avec le ressenti qui transparait des échanges que nous avons avec les militants :
Le choix de certaines personnes à des postes de responsabilités ou de représentation de la diaspora parfois aux antipodes des critères de compétences et de légitimité.
L’ostracisme et le manque de considération des mouvements qui sont en réalité des espaces ouverts d’échanges et d’actions mais aussi et surtout des lieux de repli pour les militants frustrés qui autrement auraient franchi les frontières d’autres partis.
Et, last but not least, les guerres de positionnement alimentées par des apprentis sorciers politiques qui minent profondément le parti et qui, font migrer les militants déçus ou désabusés vers les mouvements, fuyant ainsi une ambiance et des pratiques malsaines.
« Si rien n’est fait à temps, les mêmes causes produiront les mêmes effets »
Voilà les chantiers qui ressortent d’un diagnostic qui se veut objectif et donc qui ne cherche pas à plaire.
Cependant les solutions existent, elles exigent une démarche plus inclusive, plus ouverte et plus respectueuse des différences.
Mais, nul n’est besoin de rappeler que sur ces différents points, tout est urgence et tout est prioritaire tellement l’heure est grave.
Aboubakry BA
Coordonnateur du Cadre d’Actions Républicaines