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CEDEAO : une brève lettre d’explication

CEDEAO : une brève lettre d'explication

Excellences, Messieurs les Présidents, Chefs d’État, et de Gouvernement de la C.E.D.E.A.O. !

Monsieur le Président en exercice de la Conférence des Présidents et Chefs de Gouvernement de la C.E.D.E.A.O.,

Monsieur le Président, Voilà maintenant plusieurs mois que dans notre aire sociopolitique commune, la CEDEAO, deux groupes militaires des armées nationales du Mali et du Burkina, et un clan de Légionnaires Franco-Guinéens, ou Guinéo-français se sont emparés brutalement, du pouvoir politique dans leur pays respectif.

Les deux premiers cités (Burkina et Mali), ont saisi un prétexte, la présence bien réelle d’un djihadisme obscurantiste sanguinaire sur la Terre de leurs ancêtres. En un certain sens, on peut comprendre sans les légitimer, que de vraies armées nationales soient tentées de se substituer à un pouvoir défaillant, qui n’a pas protégé ses populations. Messieurs les Présidents ! Reste le cas de la Guinée.

Dans ce pays qui est le mien aussi, c’est un caporal Légionnaire franco-guinéen, Mamadi DOUMBOUYA, nommé à la tête des « Forces » dites spéciales très marquées ethniquement, appuyées de mercenaires militaro-mafieux blancs, qui par les armes, s’est emparé du pouvoir le 5 septembre 2021 à CONAKRY. Certains des mercenaires « amis » de Monsieur DOUMBOUYA, parlaient français, avec de forts accents Maghrébin, et Moyen-Oriental.

L’armée nationale bien connue et reconnue de mes concitoyens, a été mise devant le fait accompli, le PUTSCH du 5 septembre dernier. Par ailleurs, c’est une erreur d’interpréter ou d’avoir interprété que les applaudissements entendus à Conakry ce 5 septembre 2021, saluaient l’avènement du caporal légionnaire Franco-guinéen de la Légion étrangère française. Mes compatriotes, pour l’immense majorité d’entre eux, ont applaudi à la DESTITUTION de Monsieur Alpha CONDÉ qui n’était plus qu’un vulgaire usurpateur dictatorial autocrate, mais en aucun cas pour le caporal légionnaire. Cela est si vrai que quarante-huit heures après le PUTSCH, dans leur majorité, les Guinéens commençaient à manifester leur hostilité à la junte et à son chef, en restant sur leur réserve, silencieuse mais très expressive.

La suite, vous la connaissez. Il y a donc là à mon avis, une DIFFÉRENCE fondamentale entre les mobiles des armées nationales Burkinabè et Malienne, et le clan militaro-mafieux de Conakry, porté par des réseaux de mercenaires. Les premiers ont pu être motivés par la crainte de la dislocation de leur PATRIE. Alors que la Junte de Conakry, notamment son chef n’est porté que par des ambitions privées de PUISSANCE personnelle, d’ENRICHISSEMENT rapide, et d’hégémonie ethno-régionale dont vous saisissez plus que moi, la potentielle capacité de déflagration qu’elle recèle pour la sous-région.

Monsieur le Président Est-il nécessaire de rappeler que l’un des principes fondateurs de la C.E.D.E.A.O., est l’interdiction totale, et absolue de toute prise de pouvoir par la force, violente ou pas. Je présume que vous êtes infiniment plus informé que ma modeste personne. Cependant, étant moi-même Franco-guinéen, je m’autorise à vous livrer avec humilité mes observations relatives à mon pays. Car je suis au moins aussi légitime, et peut-être même plus LÉGITIME à porter la parole de mes compatriotes, que le C.N.R.D., et son chef, le caporal légionnaire français, devenu « colonel » de circonstance.

Des Chefs d’État démocratiquement ÉLUS que vous êtes, acceptent par « nécessité » bien compréhensible, de dialoguer avec des PUTSCHISTES menés par un légionnaire, c’est-à-dire un MERCENAIRE Franco-guinéen, ou Guinéo-français. Ils ne sont pas LÉGITIMES, ni LÉGAUX. Ils ne représentent ni la Guinée, ni les Guinéens. Ils disposent d’armes et de munitions, abondamment utilisées contre mes compatriotes, afin d’obtenir leur soumission. Je signale avec votre autorisation, que d’un point de vue légal, ils ne peuvent en aucune manière, engager la Guinée.

Car les assassinats nocturnes fréquents, les brutalités militaires quotidiennement infligées à mes compatriotes, ne sauraient en rien fonder un DROIT. Et vous pensez bien, avec justesse, que dans vos pays respectifs, aucun de vos concitoyens ne comprendrait que vous ÉLUS par leurs SUFFRAGES, vous acceptiez même l’espace d’une seconde, pour collègue, un LÉGIONNAIRE-TUEUR. Car Monsieur DOUMBOUYA n’a jamais rien fait que TUER, y compris en Afrique subsaharienne. Monsieur le Président, A la différence des juntes Burkinabè et Malienne, les PUTSCHISTES de Conakry déstabiliseront inexorablement la Sous-région, quand ils auront fini de livrer la totalité de la Guinée à des TRAFICANTS mafieux étrangers, mais de type militaire.

Le désir qui les habite de conserver le pouvoir à tout prix, les pousse déjà à toutes les extrémités et à tous les compromis avec des groupes les moins fréquentables, en raison de leur extrême cruauté. CONSÉQUENCES : Premièrement : le caporal DOUMBOUYA est porté au pouvoir par un conglomérat de légionnaires, de gardes prétoriennes personnelles (Forces spéciales) et autres mercenaires de provenance diverse. Le 5 Septembre 2021, les Guinéens ébahis, ont vu des MERCENAIRES blancs armés défiler dans les rues de Conakry, accompagnant des éléments des « Forces spéciales » guinéennes, mais en réalité, une milice politico-militaire, à forte connotation ethno-régionale. Je note au demeurant, que depuis la fin des années 1970, le mercenariat a été éradiqué en Afrique subsaharienne, avec beaucoup de difficulté, mais quand même éradiqué. Son retour a commencé en Guinée par l’intermédiaire du caporal franco-guinéen, DOUMBOUYA.

Deuxième observation : le « colonel » Mamadi DOUMBOUYA a pour la première fois dans notre sous-région, introduit des mercenaires, en vue de le porter au pouvoir. C’est un FAIT inédit dans cet espace sociopolitique, et il est d’une EXCEPTIONNELLE GRAVITÉ. La très grande bienveillance de l’ambassadeur actuel de France à l’endroit du caporal légionnaire putschiste, intrigue beaucoup en Guinée. Car il s’agit bien d’une CONNIVENCE à peine dissimulée. En tant que Franco-guinéen, je suis persuadé que la France commettrait contre elle-même la plus GROSSE ERREUR en Guinée, et peut-être dans la Sous-région si, il était établi que son AMBASSADEUR exécutait une « mission » officielle qui lui serait confiée.

Le caporal légionnaire franco-guinéen, Mamadi DOUMBOUYA n’a aucun soutien à l’intérieur, ni à l’extérieur, contrairement à ce que la connivence visible qu’entretient l’ambassadeur avec le caporal légionnaire, pourrait faire croire à certains milieux français à PARIS. Cette Junte et son Gouvernement, c’est la CATASTROPHE inéluctable pour la sous-région. La junte et son gouvernement sont rejetés par le pays tout entier, malgré la féroce répression qui s’abat sur mes compatriotes.

Troisième observation : Si Mamadi DOUMBOUYA et son gouvernement n’étaient pas combattus par tous les moyens, et vaincus, obligatoirement abattus (arrêtés, jugés et condamnés à de longues peines…) dans les mois ou semaines à venir, alors le mercenariat alimenté par de puissants réseaux, mafieux ou pas, s’enracinera durablement dans l’espace C.E.D.E.A.O. Il s’en suivra inexorablement une flambée de PUTSCH.

Puisque le caporal légionnaire franco-guinéen aurait tenu tête à la CEDEAO. Vous percevez bien ce que cela entraînera comme encouragement pour d’autres militaires de la Sous-région à recourir à la même méthode pour s’emparer du pouvoir politique dans leurs pays respectifs. Et la miniguerre « froide » qui ne dit pas son nom, pour le moment localement circonscrite, prendra inévitablement une autre dimension. Il faut être d’une extrême naïveté pour croire que dans l’espace CEDEAO, il n’y aurait pas alors d’autres Mamadi DOUMBOUYA, appuyés par tel ou tel pays, ou même par des groupes privés puissants de type mafieux pour prendre le contrôle de nos pays, même ceux réputés « solides ».

Quatrième observation : Il me semble qu’en Guinée, les Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO, tous démocratiquement ÉLUS, devraient plutôt parler avec des partis politiques REPRÉSENTATIFS qu’avec une junte ILLÉGITIME, ILLÉGALE et dangereuse pour l’ensemble de la Sous-région. Il y a des partis politiques représentatifs, crédibles et légitimes. Tandis que la JUNTE n’est rien d’autre qu’une CORPORATION.

A tenir pour interlocuteur politique une corporation, ou ses membres même armés, les CHEFS d’État élus légitiment les prises de pouvoir par la violence. Puisqu’ils discutent avec celui ou ceux qui disent : « Moi, je me fiche d’être désigné librement par mes compatriotes. Je dispose des armes et munitions. Je prends le pouvoir, et je fais ce que je veux. Je n’ai de compte à rendre à personne. »

Voilà la contradiction dans laquelle on s’enferme, si le CNRD, et son gouvernement devenaient un interlocuteur, à quelque niveau que ce soit. Selon moi, c’est le caporal de la Légion française, son gouvernement et son CNRD qui doivent être BATTUS, mis par terre, y compris par la force, et non pas la C .E.D.E.A.O. La Sous-région en a les moyens. Des Guinéens sont prêts à passer à l’action, s’ils ont les moyens matériels adéquats. Il est légitime de combattre l’oppression, y compris par les moyens armés.

Mamadou Billo SY SAVANÉ (France)

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