Politique

Enfin, Mimi ose le pari de « l’Alternative républicaine »

Enfin, Mimi ose le pari de "l'Alternative républicaine"

POLITIQUE – C’est ainsi que Maderpost analyse sa sortie livrant les raisons de son absence lors de l’élection du président de la 14e législature, le lundi 12 septembre, et ses complaintes sur le choix « familial » du couple présidentiel concernant le Dr Amadou Mame Diop.

Cette supposition s’entend d’autant que l’ancienne Première ministre a vite fait d’expliquer qu’elle a quitté l’Hémicycle avant le scrutin après avoir « réclamé » à Farba Ngom sa procuration. Sur cet épisode qui fait couler beaucoup d’encre, Mimi Touré dit non seulement que Farba Ngom a refusé de lui remettre l’habilitation, mais encore que son vote enregistré pour le compte du candidat de Benno pour la présidence de l’Assemblée nationale, ne traduit pas son choix.

Mieux, pour marquer son désaccord avec son leader, elle l’a fait savoir dans une note transmise au nouveau président du groupe de la majorité, Oumar Youm, avant de quitter l’Hémicycle.

D’abord solder les comptes

Soldant ses comptes avec le couple présidentiel qu’elle accuse de promouvoir les contre-valeurs et de lui avoir fait subir beaucoup d’injustices, Mimi Touré abat une carte que personne n’a vu venir, pas même Macky Sall. Au-delà de ses états d’âme. « Je parle au nom de tous les indignés de l’Alliance pour la République (APR) et de Benno Bokk Yakaar ». De « l’injustice de trop » qu’elle a subie, elle trouve tout de même l’opportunité, en bonne politique, d’inverser la tendance et, qui sait, de prendre la tangente afin de se positionner. Ce qui est doublement adroit. Elle installe, d’une part, une crise à l’APR et, d’autre part, fait mal au leader du parti qui ne croirait pas aux « valeurs de loyauté, de mérite et d’équité » qu’elle somme les jeunes d’adopter au point d’en faire leur viatique. Celle qui a « passé sa (ma) vie à lutter contre l’injustice », en a « subi pas mal dans son (mon) compagnonnage avec Macky Sall, mais là, c’est celle trop »« Celle qui privilégie les liens familiaux par-dessus le mérite militant, ce n’est pas tolérable ».

Macky Sall, le modele à ne pas suivre

Le Président Macky Sall à qui l’on reproche de mettre en avant sa famille se voit dépeint comme le théoricien du « choix strictement familial » « connu de tous ». Au point d’oublier que Mimi Touré a parcouru le territoire pour assurer une victoire, fusse-t-elle étriquée au parti et à la coalition Benno. Bokk Yakaar.

«( … ) à ce moment, il fallait que le cousin fasse le tour du Sénégal, 5175 km exactement et le travail préalable. Il n’y a pas de responsables pour aller au front et d’autres pour ramasser les fruits. La politique, ce n’est pas du servage où certains, forts de leur appartenance familiale, attendent que les autres travaillent pour eux ».

Mimi Touré ne peut faire plus de mal, qu’en soutenant elle-même ce qui s’entend sur la place publique. « Ils sont connus de tous et établis avec la famille de Mansour et Marième Faye ».

Sa décision de s’en ouvrir ouvertement aux Sénégalais par voie de presse est prise, elle prend ainsi le risque de déballer et prendre le large. Mais à quelle fin, si ce n’est celle de se positionner enfin ? Au vu et su de tous !

Enfin Mimi plonge et le « coup de fil de Macky Sall » n’y changera rien, même si elle n’en dit pas plus. L’opportunité à elle offerte par le Président « sortant » n’est-elle pas trop belle pour être ratée ?

Enfin, Mimi ose le pari de l’alternative

« Le président de la coalition Benno n’a pas jugé utile de nous rendre visite à notre séminaire pour échanger avec ses députés et expliquer les critères de son choix. J’ai reçu son coup de fil dans l’enceinte de l’Assemblée pour revenir sur ses engagements précédents. Il n’y a pas de problème dans un changement d’avis, il faut juste que ce ne soit pas du népotisme ou de la dictature. » Elle juge par contre utile de « contester son choix ou celui de la Première dame » sans pour autant démissionner de son poste de député et de l’APR même si elle « reste une militante de la justice et de l’équité ».

« La politique, telle que je la conçois, ce n’est pas un jeu de cache-cache ni de tromperie. On doit se faire confiance. Ce n’est pas de la naïveté du tout, c’est ma conception d’un compagnonnage ». Déduction faite, c’est ce à quoi s’emploie son mentor qu’elle met au défi de se prononcer sur le troisième mandat, avec tact. Mimi Touré n’a pas fait ses humanités dans la gauche pour louper la dialectique.

Un coup de maitre en termes de communication politique. Mettre Macky Sall au pied du mur sur la question troisième mandat. « C’est une question qui est derrière nous. Depuis longtemps, je l’ai dit à satiété et je suis convaincue qu’il fera une déclaration après la nomination de son Premier ministre pour annoncer qu’il ne fera pas de troisième mandat ». Autant dire dans peu de jours.

Vu la configuration de la nouvelle Assemblée nationale, la loi adoptant le retour du Premier ministre votée en urgence en décembre 2021, Macky Sall ne peut faire autrement que de tenir parole pour elle. « Même si je ne suis pas d’accord avec lui sur sa décision concernant la présidence de l’Assemblée nationale, je pense que c’est un homme d’honneur qui tient parole. »

Que fera Macky Sall avec ce qui se sonne comme une rupture même si Mimi ne compte « pas du tout démissionner de l’Assemblée nationale » ? Pour ce qui concerne Mimi Touré, l’immunité parlementaire est acquise depuis le 31 juillet dernier. Quoique !

« Pourquoi, diantre, le ferais-je ? Je pense qu’il faut des députés qui fassent de bonnes propositions de loi comme celle sur les incompatibilités familiales avec certaines fonctions publiques que je compte faire. Ainsi, on avancera sur la question de l’implication des familles dans les affaires de l’Etat. ».

«Pas intimidable» pour un sou, elle saisit le Président Sall « sur les intimidations et autres actions envisagées par certains soi-disant faucons du Palais et proches de la famille Faye. Je ne suis pas intimidable et j’interpelle le Président Macky Sall à cet effet ».

Le mal fait, la décision est prise. Mimi prend ses aises et ses distances pour une voie qui ne peut que la mener sur la route de la présidentielle de 2024, avec une posture d’alternative à Macky Sall en attendant que d’autres la suivent.

Premier cadre de l’APR à dézoner, Mimi Touré ne devrait pas tarder à disputer à Ousmane Sonko et à d’autres candidats un espace politique qui s’annonce complexe.

Macky Sall n’avait peut-être pas vu ce coup de Mimi arriver. Qui disait qu’il a lui-même créé les termes d’une présidence de transition.

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