Thierno Mbaye : « Fada n’a pas la majorité absolue à Darou Mousty… »
Thierno Mbaye : « Fada n’a pas la majorité absolue à Darou Mousty… »
Révélation des élections territoriales à Darou Mousty, Thierno Mbaye, Candidat indépendant, investi par la Coalition Wallu Sénégal à la Commune, est devenu, par la force des choses et des urnes, le principal challenger de Modou Diagne Fada et de Benno Bokk Yakaar. Classé deuxième avec près de 2500 voix (soit plus de 22%) derrière la liste BBY, il devance considérablement les listes Defar sa gox (13%), Bunt-bi (13%) et Yewwi askan wi (7%). Il revient sur le secret de son succès à IGFM.
Pouvez-vous vous présenter à nos internautes ?
Je m’appelle Thierno Mbaye. Je suis né et j’ai grandi à Darou Mousty, où j’ai effectué mon parcours primaire avant d’entrer au lycée Charles De Gaulle de Saint-Louis d’où j’ai décroché mon Baccalauréat en 1999. Par la suite, j’ai été orienté à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis à la section de Sociologie, d’où je suis sorti avec un DEA. Je suis aussi titulaire d’un Master en Philosophie et d’un autre en Gestion de Projets.
Aujourd’hui, je suis professeur de philosophie à Darou Mousty et parallèlement acteur de développement. Je suis à la tête des organisations des mutuelles de santé communautaire au niveau départemental et régional. Je suis acteur politique, animé par l’ambition de participer à l’amélioration des conditions de vie de mes concitoyens.
Qu’est-ce qui vous a conduit à vous engager dans la politique ?
Comme je l’ai indiqué, je suis un acteur de développement qui ne supporte pas de voir la souffrance des populations. Darou Mousty fait partie des communes les plus touchées par la pauvreté des ménages, le désespoir de la jeunesse, le désenchantement des femmes… Nous n’avons pas le droit de rester sans rien faire. C’est d’ailleurs dans ce sens que nous avons créé la Mutuelle de santé pour aider les populations dans la prise en charge des soins de santé et soulager leur souffrance infernale.
Notre entrée en politique répond à une responsabilité personnelle et collective devant une situation qui nous interpelle tous. Nous avions voulu prendre d’abord la mairie pour mettre en œuvre le programme XIDMA, élaboré en rapport avec toutes les couches de la société, et qui apporte des solutions concrètes aux difficultés quotidiennes de notre commune.
Quel est le secret de votre percée spectaculaire face à des adversaires férus avec parfois des moyens importants ?
Le secret c’est la proximité avec la population. Depuis des années, nous sommes à l’écoute des Darois, nous partageons au quotidien leurs peines, leurs joies et leurs préoccupations. Nous essayons autant que possible d’apporter notre contribution, notre expérience et notre diligence pour trouver, ensemble, des solutions. Les moyens financiers sont importants, s’ils servent à créer les conditions d’une amélioration de la vie et du cadre de vie des populations, mais ils ne sont pas une finalité.
Les populations sont conscientes des enjeux et suffisamment matures pour décider en toute connaissance de cause. Elles savent distinguer les politiciens occasionnels, vendeurs d’illusion, des véritables acteurs de développement qui partagent avec elles leur quotidien. Mon électorat, principalement composé de la jeunesse, fonde en moi l’espoir du changement attendu. Il cristallise les aspirations d’une jeunesse décomplexée, de plus en plus affranchie d’une classe politique classique, dépassée par l’évolution des idéologies et convictions du nouveau type de peuple africain.
Pour une première participation dans une élection, nous avons marqué un coup de maître qui présage d’un avenir politique reluisant, si nous parvenons à maintenir la dynamique et étendre nos tentacules. Nous serons un acteur convoité pour les prochaines élections législatives et mêmes présidentielles, Darou Mousty étant le principal grenier électoral du département de Kébémer.
Pourquoi vous n’avez pas pu renverser BBY malgré tout ?
BBY est une coalition présidentielle avec tous les moyens du pouvoir. Dans cette élection, des moyens colossaux ont été déployés par Modou Diagne Fada parce qu’il se savait en danger politique, ébranlé par une jeunesse déterminée et incorruptible. Il s’est investi comme jamais alors qu’il n’était pas le candidat de la commune. Malgré tout, il a certes gagné, mais il est loin de la majorité absolue. En tant que coalition sortante, il faut dire que c’est une contre-performance. Il suffisait d’unir nos forces, de taire nos egos personnels, d’être réalistes, pour renverser, de façon éclatante, le maire sortant.
En ce qui nous concerne, nous sommes certes déçus de n’avoir pas gagné, mais très satisfait de la confiance des plus de 22% des électeurs qui ont cru à notre projet, qui nous ont témoigné leur foi et pour qui nous constituons une alternative crédible. Nous allons capitaliser ce résultat très positif, renforcer la dynamique et mieux nous préparer pour les échéances futures. Pour le faire, nous tendons la main à toute la population, tous ceux qui pensent, comme nous, qu’il est possible de mieux faire, que la révolution est possible, qu’elle commence dès maintenant et chez soi.
Etes-vous dans les dispositions de rejoindre la coalition Yewwi Askan wi, étant donné que vous avez le même discours et les mêmes motivations ?
Nous constituons une dynamique populaire à laquelle j’assume le leadership, mais je ne suis pas le seul qui décide. Nous avons toujours montré notre disponibilité à discuter pour former de grands ensembles capables de faire face au régime actuel.
A l’approche des élections locales, il y a eu des tentatives de négociation avec toutes les listes de l’opposition (PASTEF, Defar sa gox et Buntu bi) pour y aller ensemble. Malheureusement, elles n’ont pas abouti, et le résultat des urnes nous ont montré que c’était la meilleure des choses à faire. Aujourd’hui encore, nous sommes ouverts à toute forme de discussion, avec tous les acteurs, à l’exception de BBY, pour former de grandes forces capables de cristalliser toutes les aspirations de la jeunesse, des femmes et des personnes âgées.
Votre dernier mot ?
Je termine par remercier la population de Darou Mousty, toutes catégories socioprofessionnelles confondues, leur témoigner de ma reconnaissance et réitérer mon engagement résolu à servir la commune. Je lance un appel à la mobilisation, à l’unité pour aller à l’assaut des échéances futures. Enfin, je donne rendez-vous à tous nos militants pour un grand rassemblement à l’occasion duquel nous déclinerons notre feuille de route et la conduite à tenir.