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Houellebecq accusé de plagiat : le procès aura finalement lieu

Houellebecq accusé de plagiat : le procès aura finalement lieu

EXCLUSIF – Janvier 2022, coup de tonnerre dans le petit monde du livre : Michel Houellebecq était poursuivi pour contrefaçon. El Hadji Diagola, écrivain et journaliste franco-sénégalais accusait le romancier d’avoir puisé dans ses propres ouvrages pour Soumission, paru en 2015 chez Flammarion. Et la justice accepte finalement d’examiner l’affaire.

123,8 millions € étaient réclamés en vertu des multiples torts causés à l’écrivain par l’auteur des Particules élémentaires — un montant qui avait quelque chose de particulier, justement. La défense, Me Josée-Anne Benazeraf pour Flammarion et Gallimard, estimait la procédure totalement hors de propos, abusive et motivée par une « volonté de nuire».

Deux romans, une publication

Le 12 mai 2022, le tribunal de Paris concluait que le procès ne se tiendrait pas et condamnait l’auteur aux dépens — 5000 € pour Michel et ses éditeurs. Immédiatement après la décision, l’avocat du plaignant indiquait son intention d’interjeter appel. La Cour d’appel de Paris a communiqué son arrêt ce 12 mai 2023 et remet en cause l’irrecevabilité sur laquelle avait statué le tribunal judiciaire de Paris. Dès lors, toute l’affaire était réexaminée.

Rappel des faits

Le plaignant a adressé, en janvier 2013, un manuscrit d’un ouvrage intitulé La chute des barbelés aux éditions Gallimard qui l’a refusé par courrier du 26 mars 2013. L’année suivante, sous le titre Un musulman à l’Elysée, il communique son manuscrit à Flammarion. Nouveau refus, en date du 6 août 2014.

Assurant qu’il ignorait le rachat de Flammarion par Madrigall en septembre 2012, il choisira finalement de faire paraître chez Edilivre, en septembre 2015, Un musulman à l’Elysée. Le roman relate l’arrivée au pouvoir en France d’un président musulman vers 2050.

Or, en janvier 2015, Michel Houellebecq faisait paraître chez Flammarion, Soumission, dont le plaignant estime qu’il s’agit d’un plagiat de son propre texte.

Dans un recommandé du 28 avril 2015, l’avocat de M. Diagola signifiait alors à Flammarion que Soumission portait atteinte aux droits moraux et patrimoniaux de son client sur le manuscrit Un musulman à l’Elysée. Et ce en regard du manuscrit qui avait été adressé au printemps 2014 : il demandait alors des observations sur ce point. Entre contestations et réponses, la procédure débuta alors.

Le procès aura bien lieu

Dans les motifs, la cour « infirme le jugement entrepris », à l’exception de ce qui a trait à la communication de pièces, d’expertise et de provision que le conseil d’El Hadji Diagola avait formulée. De fait, l’auteur réclamait des éléments comme le chiffre d’affaires réalisé par Soumission, à travers ses 42 traductions et d’autres données. En somme, une expertise financière pour définir combien l’ouvrage avait généré. En France, l’ouvrage aurait réalisé plus de 14,6 millions € de CA (TTC) entre sa sortie et le 29 octobre 2020.

Retour au tribunal judiciaire

Par ailleurs, la cour conclut également que « la fin de non-recevoir soulevée » était « recevable, mais mal fondée ». Autrement dit, la défense des éditeurs s’articulait sur une contestation du statut d’auteur de M. Diagola. Les accusés avaient donc le droit de formuler la demande, mais cette dernière est évacuée.

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Pour la suite, un rendez-vous devant la Cour de cassation est à prévoir. L’avocat de l’auteur contestera certains points du jugement de ce 12 mai. Ensuite, retour au tribunal judiciaire, avec la communication des éléments réclamée — les demandes reconventionnelles, évoquées en page 5 du document (ci-après).

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