Africaleadnews – (Niger) Le Niger s’est réveillé avec une triste nouvelle, suite à la disparition d’une des figures les plus emblématiques du paysage politique nigérien. Hama Amadou, grand commis de l’État et ex- premier ministre et président de l’Assemblée nationale, farouche opposant au régime d’Issoufou Mahamadou s’en est allé avec ses secrets.
C’est un pan entier de la vie politique nigérienne qui s’écroule. A 74 ans, ce leader politique charismatique, décédé ce jeudi 24 octobre, après un long bras de fer judiciaire qui l’avait contraint à l’exil sur le sol français, Hama Amadou s’en est allé. Avec ses secrets croustillants d’une vie politique intense quarantenaire faite des hauts et des bas. Il laisse derrière lui le souvenir d’un homme engagé et fidèle aux principes de démocratie et de gouvernance. Au service de sa nation, Hama Amadou a tout donné, de son savoir, de son énergie et de son temps.
Principal opposant du régime rose (2011- 2023) renversé le 26 juillet 2023 par la junte militaire dirigée par le général Abdourahmane Tiani,.Hama Amadou était l’autorité morale du parti qu’il avait créé, Modem Lumana. Ces dernières années, il vivait entre la France et le Bénin jusqu’à la chute du président Mohamed Bazoum. Auparavant, il avait vu sa carrière politique éclaboussée par une condamnation dans une sombre affaire de ”bébés importés » du Nigéria. Peu importe, ses ultra-partisans y voient un » complot » politique ourdi pour le crucifier. Une évacuation sanitaire en France l’avait ensuite éloigné des joutes politiques au Niger, même s’il avait pesé de tout son poids et de l’influence de ses réseaux aux côtés de Mahamane Ousmane, principal challenger du candidat du PNDS ( parti d’Issoufou Mahamadou) qui avait investi comme candidat Mohamed BAZOUM aux élections présidentielles décembre 2020- février 2021.
Un homme politique de poigne et grand citoyen du monde
Né le 3 mars 1950 à Youri, dans la région de Tillabéri, Hama Amadou, d’ethnie peul,.a incarné, avec poigne le courage politique et la résilience, de la prime jeunesse à son élection à la tête de l’Assemblée nationale, en passant au poste de Premier ministre en 1995 qu’il occupa 7 ans durant sous le président Mamadou Tandja. Il avait, en effet, gravi tous les échelons de l’administration, avant de diriger la Primature, après avoir surtout occupé notamment les postes de sous-préfet, de directeur de cabinet à la présidence, de DG de l’ORTN, puis de ministre. Ce qui lui vaut le sobriquet de Grand Commis de l’État.
Hama Amadou aura été de tous les combats, marquant son empreinte toute sa trajectoire, de la conférence nationale à l’avènement du front de restauration de la démocratie en 1996 et pendant la période du Tazartché (continuité) en 2007. Il contribua activement à l’avènement de la 5è République en 2011. L’on se rappelle des fameuses tractations en coulisses à Ouagadougou, pour l’amener à rallier Issoufou Mahamadou en 2011 contre Seini Oumarou. Plusieurs fois élu député, il sera installé au perchoir de l’institution parlementaire avant son éviction après le retrait de son parti de la majorité présidentielle en 2013. En 2016, Hama Amadou a failli réussir un coup de maître en mettant en ballotage le président sortant Mohamadou Issoufou en 2016, alors qu’il défendait les couleurs de son parti Lumana, bien qu’étant dans les liens de la détention.
Malgré les épreuves, l’emprisonnement et l’exil contrarié, il n’a jamais plié, se révélant plus déterminé à croiser le fer. Ses adversaires les plus irréductibles reconnaissaient en lui un adversaire redoutable et un fin stratège politique. Il représentait, avec Mohamadou Issoufou et Seini Oumarou, un des derniers Mohicans de la classe politique nigérienne de ces trente dernières années. Dans un post retentissant consulté par Confidentiel Afrique ce jeudi, le journaliste et communicant Hamidou Samba MAIGA, a rendu un vibrant hommage à l’homme politique nigérien.
« C’est avec une profonde douleur que je vous informe de la disparition de mon cousin, frère et ami de 40 ans, Hama AMADOU, mercredi 23 octobre 2024, dans la soirée, à Niamey. Je témoigne que Hama Amadou était un patriote intransigeant qui avait le Niger et l’Afrique chevillés au corps. Le Niger et l’Afrique perdent en lui un digne et valeureux combattant politique. Ses épouses Hari et Adiza, ses enfants, sa famille, ses amis, ses militants, et le Niger peuvent être légitimement fiers de Hama affectueusement appelé AïrKoy ».
Hama Amadou laisse derrière lui un pays en quête de stabilité et une formation politique orpheline. Confidentiel Afrique salue la mémoire de cet homme de convictions et adresse à sa famille, particulièrement à son épouse Hari, dame au coeur philanthrope et au peuple nigérien les condoléances les plus attristées.
Par Ismael AÏDARA (Confidentiel Afrique)