Le mercredi 31 juillet 2024, la Ministre sénégalaise de l’intégration africaine et des affaires étrangères, Mme Yassine FALL, en visite de travail en Côte d’Ivoire, a durant son séjour, rencontré quelques membres de la communauté sénégalaise vivant sur-place.
La rencontre qui s’est tenue dans les locaux de l’ambassade du Sénégal, vu la participation d’environ une trentaine de personnes, dont la Ministre, le Consul général et leurs délégations respectives, ainsi que des représentants d’associations, de dahiras, d’étudiants sénégalais basés en Côte d’Ivoire et de la représentation du parti Pastef les patriotes.
Selon le Secrétaire Général de l’association des sénégalais de Côte d’Ivoire (ASCI) la rencontre annoncée pour 15h a finalement débuté aux environs de 17h. Elle a été l’occasion pour la Madame le Ministre YASSINE FALL, d’écouter les quelques membres de la communauté présents, non sans préciser, dès sa prise de parole, que sa visite est une visite de travail auprès des autorités ivoiriennes, avec au centre, la réactivation de la commission mixte entre les deux pays, qui ne s’est plus réunie depuis 2014.
Toutefois, il était hors de question, dira la Ministre, d’effectuer un tel déplacement sans rencontrer ses compatriotes et écouter leurs préoccupations. Le Consul Général, Monsieur Moukhtar Belal BA, sera chargé par la Ministre de modérer les échanges, ce qu’il fera avec une grande ouverture d’esprit et de la mesure, accordant la parole aux différents représentants tout en rappelant régulièrement la nécessité de rester bref et courtois, afin de ménager son hôte déjà épuisée par un agenda très chargé. Il n’a pas manqué de remercier les membres de la communauté pour leur discipline et leur savoir vivre, qui, dira-t-il, lui auront facilité sa mission.
Prenant la parole à tour de rôle, les intervenants ont essentiellement axé leurs interventions autour de problématiques qui étreignent la communauté et compromettent son plein épanouissement. Il s’agit entre autres :
1- De la question du rapatriement des corps, qui continue d’être une préoccupation, malgré les nombreuses sollicitations faites auprès des autorités de l’ancien régime et des promesses faites par celles-ci, qui finalement n’auront pas vu le jour. Certains intervenants suggèreront à la Ministre, que l’Etat s’implique en mettant à la disposition des sénégalais de Côte d’ivoire, un ou deux corbillards qui permettront les rapatriements de corps par voie terrestre par exemple.
2- De la question des élèves et étudiants sénégalais vivant en Côte d’Ivoire, qui après obtention du Baccalauréat ne sont pas orientés dans les universités et grandes écoles publiques ivoiriennes, du fait de leur nationalité sénégalaise, alors qu’ils ne sont pas pris en compte non plus dans l’attribution des bourses au niveau du Sénégal qui auraient pu leur permettre de prendre en charge tout ou partie des coûts de scolarité très élevés dans les établissements d’enseignement et universités privées en Côte d’Ivoire. Entre autres solutions préconisées par les intervenants, il y’a la possibilité pour l’Etat du Sénégal, de négocier avec son homologue ivoirien, un accord qui pourrait permettre aux sénégalais ayant obtenu le BAC en Côte d’ivoire de se faire orienter dans les universités publiques ivoiriennes et vis-versa pour les ivoiriens ayant obtenu le BAC au Sénégal, qui eux pourront être orientés dans les universités publiques du Sénégal. L’idée d’une école sénégalaise de Côte d’Ivoire à l’instar des écoles françaises, américaines et libanaises a également été évoquée par l’un des intervenants, mettant en avant une expertise sénégalaise localement reconnue dans les domaines de l’éducation, de la restauration, de la mode etc., qui pourra être valorisée à travers une telle initiative si elle est bien pensée.
3- De ce qui pourrait être qualifié de trafic humain transfrontalier, communément appelé phénomène « QNET », du nom d’une organisation pourtant interdite par les autorités ivoiriennes, mais qui persiste sous d’autres formes. Cette organisation vend monts et merveilles à de nombreux jeunes sénégalais, qui n’hésitent pas à payer souvent des sommes importantes pour rallier la Côte d’ivoire, avec la promesse d’un emploi rémunérateur qui leur est faite par les acteurs de ce réseau d’arnaqueurs impliquant des personnes de nationalité sénégalaise. Des centaines de jeunes sénégalais comptent parmi leurs victimes et finissent parfois dramatiquement dans les rues ivoiriennes.
4- De la question des financements destinées à la diaspora et/ou aux femmes sénégalaises en particulier. Les intervenantes ont dénoncé une distribution partisane de ces fonds, laissant de côté les légitimes ayant droits. Les femmes, qui interviennent essentiellement dans le domaine de la restauration, ont souhaité, outre des financements, un accompagnement en terme de formations, qui leur permettra de mieux gérer leurs activités mais aussi de les diversifier en les étendant à d’autres secteurs.
5- De la question du logement au Sénégal. Les intervenants ont souhaité une meilleure prise en charge de cette préoccupation cruciale pour la majorité des expatriés, qui peine à acquérir un terrain ou une maison du fait des coûts exorbitants et/ou des conditions de paiement difficilement tenables pour la plupart.
6- De la nécessité de trouver un cadre qui réunirait les nombreuses associations sénégalaises existant, afin de permettre à l’Etat du Sénégal d’avoir un interlocuteur pour toutes ces associations, ce qui faciliterait la prise en charge des problématiques soulevées.
7- De la nécessité de dépolitiser les activités consulaires qui ont longtemps souffert de l’image d’une institution plus proche des militants du parti au pouvoir plutôt que du sénégalais sans distinction d’appartenance politique. Dans la même lancée, plus de proximité d’avec les sénégalais serait attendue des prochaines autorités diplomatiques en général.
8- De la possibilité de négocier des accords, qui permettraient aux hommes d’affaires sénégalais et ivoiriens d’exploiter pleinement le potentiel entre les deux pays. L’exemple du café (pourvoyeur d’emplois au Sénégal) et pour lequel la Côte d’Ivoire est l’un des plus grands producteurs et le Sénégal l’un des plus grands consommateurs, un accord pourrait permettre aux hommes d’affaires sénégalais de disposer d’un quota à chaque campagne, qu’ils pourront exporter vers le Sénégal à des conditions préférentielles (qui seront définis dans le cadre d’éventuels accords). Les hommes d’affaires ivoiriens pourront bénéficier de mêmes avantages sur des produits sénégalais (comme le sel, le poisson, etc.)
Reprenant la parole, Mme le ministre a remercié l’ensemble de l’assistance pour les interventions. Elle dira être déjà en train de travailler avec le secrétaire d’Etat chargé des Sénégalais de la diaspora, en l’occurrence M. Chérif DIOUF, sur certaines des préoccupations soulevées parce que connues de leurs services respectifs, mais reconnaitra, découvrir certaines problématiques rencontrées par la diaspora sénégalaise, à travers les pertinentes prises de parole des intervenants.
Sur la question du rapatriement des corps, elle promet que des réflexions seront faites et partagées tout en évoquant la piste des assurances qui serait à explorer.
Sur la question des logements, elle assure que le Secrétaire d’Etat Cherif DIOUF et ses équipes feront certainement des propositions d’ici quelques temps parce que travaillant déjà sur cette question cruciale et sur beaucoup d’autres.
Concernant le phénomène « QNET » la Ministre a promis de chercher à en savoir davantage avec les structures compétentes afin de mieux le comprendre et contribuer activement le cas échéant, à la recherche de solutions pour l’enrayer, bien entendu en y association les autorités ivoiriennes qui restent maitres sur le territoire ivoirien des questions sécuritaires.
La Ministre YASSINE FALL visiblement heureuse d’avoir eu cette belle rencontre, remerciera l’ensemble des représentants d’association et promettra de garder la proximité d’avec les sénégalais comme leur a instruit son Excellence le Président de la République, afin d’être au plus près de leurs préoccupations et mieux les servir. A.B. N’DAO (SG ASCI).