L’armée de la République démocratique du Congo a annoncé dimanche avoir déjoué à Kinshasa une « tentative de coup d’Etat » ayant selon elle impliqué « des étrangers et des Congolais ».
Cette annonce est intervenue alors que, selon diverses sources, des tirs d’armes automatiques avaient été entendus en fin de nuit aux abords du « palais de la Nation », qui abrite des bureaux du président Félix Tshisekedi, après l’attaque par des hommes armés du domicile du ministre de l’Économie, Vital Kamerhe, situé à proximité, dans la commune de la Gombe.
« Une tentative de coup d’Etat a été étouffée dans l’œuf par les forces de défense et de sécurité », a affirmé dans la matinée le général Sylvain Ekenge, porte-parole des Forces armées de RDC (FARDC), dans un court message à la télévision nationale.
« Cette tentative a impliqué des étrangers et des Congolais » qui ont « tous été mis hors d’état de nuire, leur chef y compris », a-t-il ajouté, en appelant la population à « vaquer librement et tranquillement à ses occupations ».
L’ambassadrice des États-Unis en RDC, Lucy Tamlyn, s’est ensuite déclarée sur X « très préoccupée par les rapports faisant état de citoyens américains prétendument impliqués » dans ces événements. « Soyez assurés que nous coopérerons avec les autorités de la RDC », a-t-elle poursuivi.
Dans la journée, certaines rues proches du palais de la Nation restaient interdites à la circulation, mais la situation était calme, ont constaté des journalistes de l’AFP.
« J’ai un peu peur de circuler comme ça à la Gombe, il n’y a pas beaucoup de monde… Mais je suis obligé d’écouler ma marchandise », déclare Jean-Mbuta, un marchand de pain. Papa Fely, chauffeur de taxi, lui, n’a « pas peur », mais déplore que des gens pensent régler leurs problèmes en « prenant les armes ».
Le porte-parole de l’armée n’a pas donné plus d’informations, promettant de communiquer ultérieurement avec « forces détails et images à l’appui ».
En tout début de matinée, des informations avaient commencé à circuler sur les réseaux sociaux, évoquant une attaque contre le domicile de Vital Kamerhe par des hommes armés, dont certains s’étaient ensuite rendus au palais de la Nation.
– Cinq mois après les élections –
Il y a eu « une attaque armée » ce dimanche matin chez le ministre de l’Économie, avait notamment écrit sur X l’ambassadeur du Japon à Kinshasa, Hidetoshi Ogawa. M. Kamerhe « n’a pas été touché (…) Deux policiers et un assaillant sont morts d’après des sources informées », avait-il ajouté.
L’ambassade de France avait de son côté évoqué des « tirs d’armes automatiques » dans le quartier, en demandant à ses ressortissants d’éviter le secteur.
Dans le même temps, des vidéos postées sur les réseaux sociaux montraient des hommes en treillis au palais de la Nation, brandissant le drapeau du Zaïre, ancien nom de la RDC du temps de Mobutu Sese Seko, le dictateur renversé en 1997.
« Le temps est arrivé. Vive le Zaïre, vive les enfants de Mobutu », lançait en lingala celui paraissant être leur chef qui, selon des informations non confirmées officiellement, serait un Congolais de la diaspora, ancien militaire, vivant aux États-Unis. « Félix est tombé (…), nous sommes vainqueurs », proclamait cet homme, qui aurait été tué par les forces de sécurité.
Le président Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019, a été réélu haut la main dès le premier tour de la présidentielle du 20 décembre, avec plus de 73% des voix, et les partis de son « Union sacrée » ont raflé quelque 90% des sièges de députés nationaux aux législatives organisées le même jour.
Cinq mois après la réélection de M. Tshisekedi et un mois et demi après la nomination d’une Première ministre, Judith Suminwa, le nouveau gouvernement se fait toujours attendre, tout comme la mise en place du bureau définitif de l’Assemblée nationale.
Le 23 avril, M. Kamerhe a été désigné candidat de l' »Union sacrée » à la présidence de l’Assemblée nationale, à l’issue de « primaires » organisées par cette plateforme de la majorité présidentielle.
Le pays est par ailleurs confronté dans sa partie est à une grave crise sécuritaire, avec une rébellion (le M23), soutenue par le Rwanda, qui occupe de vastes pans de territoire de la province du Nord-Kivu.