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La fuite des cerveaux après celle des capitaux.

La fuite des cerveaux après celle des capitaux.

La France a bâti et validé, tumultueusement, une loi dite loi sur l’immigration.

La loi, si elle est promulguée par le Président de la République français aura des répercussions sur les étudiants étrangers.

Il sera inutile d’y revenir.

Toutefois, la loi sur l’immigration devrait servir de prétexte aux gouvernements africains et celui sénégalais de revoir son modèle de partenariat avec la France.

Le constat est que la France ne se gêne pas quand ses intérêts sont en jeu.

Il devrait en être de même avec les gouvernements africains.

Dans mon essai politique intitulé le Sénégal sous laser politique, j’avais initié la réflexion sur la fuite des cerveaux entretenue sournoisement et qui intervient simultanément avec celle des capitaux plus visibles. Non sans oublier cela, des siècles avant, l’extradition des forces physiques africaines incarnées par les tirailleurs dont la France avait besoin pour se construire matériellement.

La loi sur l’immigration doit être mal vue ? La question mérite poser.

Toutefois, il est préconisé de toujours transformer les contraintes en opportunités.

N’est-ce pas le moment de le faire ?

Telles sont les interrogations avant d’entrer dans le fond du sujet.

La main invisible de la France peut, également,
S’apprécier par la récupération des cerveaux africains.

Ce qui est appelé de nos jours la fuite des cerveaux après celle des capitaux.

Ce qu’il faut d’abord comprendre est que la France, pour se construire de fond en comble, a eu besoin, à un moment de son histoire, de main-d’œuvre.

La main-d’œuvre a creusé, a soulevé des pierres, a rassemblé des cailloux, a mélangé du sable avec du ciment, a construit des ponts, des routes, autoroutes, palais et édifices publics.

La main-d’œuvre a bâti la France.

Elle était composée, en partie ou en très grande partie, de noirs.
La main-d’œuvre s’est ensuite transformée en boucliers.

Les tirailleurs sénégalais ont défendu la France, à un moment crucial de l’histoire, face à l’envahisseur.

L’Allemagne avait limite colonisé la France qui sentit le malheur, le supplice que vivaient les tirailleurs. La différence, cependant, réside dans la dignité qu’entretenaient les tirailleurs sénégalais.

En ces périodes, la France avait besoin non pas de cerveaux africains, mais de bras solides et robustes pour assurer le travail physique. Pour assurer sa défense.

Ses fils sont venus et d’une façon très ignoble, comme toujours, ont emmené les Africains les plus robustes qui pourtant devaient rester avec leurs familles, se construire et construire aussi leurs pays.

Aujourd’hui, le contexte a changé. La France a besoin de moins de gros bras.

Elle a besoin de plus de cerveaux utiles au maintien de son niveau de développement.

Le constat est que les plus brillants parmi les Africains partis en France pour continuer leur formation ne reviennent presque jamais servir leur pays.

Une pareille situation est favorisée par les réalités africaines. Il ne faudrait pas s’y tromper. Il faudrait aussi le concéder.

En effet, d’abord, face à un système universitaire défaillant, beaucoup de jeunes étudiants tentent leur chance pour aller étudier en France, qui n’est pas dupe.

NB : le retard du développement des pays africains exige qu’aucune université ne soit fermée. Régler les problèmes par d’autres moyens mais non entretenir l’obscurantisme.

La France sélectionne, par ses services dédiés, le profil des étudiants et étudie à la loupe les moyennes et le cursus scolaire et même universitaire de chaque étudiant qui postule pour intégrer une université française.

La vérité, en conséquence, est que ne rejoint pas l’université publique française qui veut.

Il faut avoir des chances de réussite évidentes manifestes par d’excellentes notes à la Terminal et au Baccalauréat.

Et cette dernière vérité est bien prise en compte par le pays d’accueil.

Ensuite, ces jeunes seront bien préparés intellectuellement. Ils recevront une formation solide.

Mais, au terme de leurs études universitaires sanctionnées par l’obtention du parchemin recherché, ils ne peuvent pas rentrer au Sénégal pour servir leur peuple.

Deux vérités expliquent la situation :

La première est que la France mise sur ces jeunes qu’elle retient sur son territoire, en leur offrant travail et situation favorable, pour leur propre épanouissement et celui de leur famille. Elle y gagne et l’Afrique y perd.

La seconde est que les États africains ne font rien pour avoir une Administration performante, d’une part, et même ne favorisent pas le retour au bercail des jeunes qui ont, il faut le dire, assimilé, l’esprit de méthode et d’organisation de la France, d’autre part.

Ainsi, peut-il sembler logique que les jeunes diplômés africains des universités françaises soient tentés de rester travailler en France qui leur offre des conditions nettement meilleures que celles données par leur pays d’origine.

Au demeurant, il reste très fréquent que beaucoup de jeunes concernés soient des boursiers et donc aidés par les États africains, dont le Sénégal, auxquels alors ils doivent tout.

Ce qui demeure loufoque dans la mesure où les pertes s’identifient sur tous les tableaux.

Au-delà de tout et même si cette situation est causée par la rupture de l’égalité des citoyens devant la loi, la France y gagne considérablement tant elle récupère les cerveaux africains et exige très rapidement le retour au pays d’origine de ceux qui n’ont pas réussi.

La conséquence désastreuse est que les pays africains se retrouvent alors avec plus d’étudiants n’ayant pas réussi leurs études universitaires que de diplômés universitaires.

La quasi-totalité des étudiants qui échouent, faute d’assistanat de leurs pays d’origine et de mauvaises conditions d’études, le font au stade de la première année.

Ainsi, n’ont-ils pas de profession ou un métier. Le plus dramatique est qu’après, leurs pays d’origine ne leur offrent pas d’alternatives sérieuses pour acquérir une aptitude professionnelle.

Ce qui est constitutif du plus gros problème de chômage des pays africains. Le Sénégal n’y échappe pas.

Cette honteuse réalité participe aussi de l’écart de développement entre pays africains et la France.

Le développement étant d’abord intellectuel avant d’être matériel, il est alors difficile d’initier des activités.

Pour terminer, la France est bien présente dans le processus car elle prend les meilleurs étudiants africains, dont certains boursiers, pour rester la servir.

Pour les personnes ayant échoué, elles sont renvoyées en Afrique, par le biais de l’OQTF : OBLIGATION DE QUITTER LA FRANCE, qui finalement devient le terreau de la misère intellectuelle.

Les questions relatives à la main invisible de la France sont d’une complexité extrême et atteignent des niveaux insoupçonnés de gravité.
Les exemples donnés, même pertinents, renseignent très peu sur la réalité de la question.
Ce qui est évident, par contre, est que la France a besoin de l’Afrique plus que cette dernière n’a besoin d’elle.

Et, les français, conscients de cette vérité, ont présenté la situation autrement, naturellement en leur faveur.

Ils ont présenté la situation de sorte, et c’est bien réussi, qu’il serait suicidaire pour les États africains de se départir d’elle.

En conséquence, pour certains États africains, la hantise de délier les relations franco-africaines est réelle.

Je termine par dire qu’il faut nous africains réfléchir à comment revoir nos paradigmes. Il faut aussi de l’Etat sénégalais faire une politique plus ambitieuse pour faire revenir les sénégalais diplômés des universités françaises et ayant été aidés pour cela par l’Etat sénégalais.

Boubacar Mohamed SY
Juriste
Écrivain / Essayiste
Chroniqueur juridique et politique.
Élu local.

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