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Forces et faiblesses d’Idrissa Seck, de Khalifa Sall et de Karim Wade : Le décryptage de Marwane Ben Yahmed

Forces et faiblesses d'Idrissa Seck, de Khalifa Sall et de Karim Wade : Le décryptage de Marwane Ben Yahmed

Longtemps observateur de l’actualité politique au Sénégal, le directeur de publication du magazine « Jeune Afrique », Marwane Ben Yahmed coche les cages, s’agissant d’évoquer les potentiels candidats à la prochaine Présidentielle au Sénégal. D’Idrissa à Karim Wade, l’invité du « Grand Jury » de ce dimanche 23 juillet a décrypté, face à Babacar Fall, les points forts, mais surtout les points faibles du patron de Rewmi, de l’ancien maire de Dakar et du fils d’Abdoulaye Wade.
 
Idrissa Seck, le plus expérimenté
 
« C’est le plus expérimenté de ceux qui prétendent briguer le suffrage des Sénégalais », a affirmé Marwane Ben Yahmed, parlant d’Idrissa Seck. Ce qui est un atout et pas des moindres. En outre, poursuit le journaliste, « aucun doute ne plane jusque-là sur sa candidature. Il sait qu’il peut le faire et il a envie de le faire. Il s’est organisé depuis quelque temps pour faire campagne ». 
 
Autre fait marquant chez Idrissa Seck, c’est son intelligence. « De l’avis de tout le monde, en termes de talent des politiques sénégalais, il est le plus doué ». 
 
Toutefois, le leader du parti Rewmi, risque de payer cash sa valse entre le pouvoir et l’opposition. « La difficulté pour lui, c’est qu’il a trop souvent fait des aller-retour entre pouvoir et opposition, changer de camp à la dernière minute. Souvenez-vous des discussions avec Abdoulaye Wade tout à la fin, quand il a créé le parti Rewmi. Il avait déstabilisé ceux qui avaient du mal à comprendre sa posture politique, son camp. Il en a changé plusieurs fois ; il vient de le refaire. Dans tous les cas, c’est le plus expérimenté, en plus du fait qu’il se préparait depuis longtemps. Ce qui ne sera pas le cas pour le candidat de Benno Bokk Yaakaar, pour Khalifa Sall ou Karim Wade. Il a quand même un temps d’avance ».
 
« Khalifa Sall part de loin »
 
Si Idrissa Seck a pu avoir une longueur d’avance sur l’ancien maire de Dakar, c’est en partie à cause du séjour carcéral de ce dernier qui a par ailleurs perdu la mairie de Dakar avec tous ses privilèges que cela rapporte. Le directeur de publication de « JA » estime, à ce propos, que « Khalifa Sall a perdu pas mal de terrain de visibilité. Il n’est plus le maire de Dakar, ce qui vous coupe d’un certain réseau, d’une certaine influence. Il part, de plus, loin ». 
 
Toutefois, le socialiste a toujours une carte à jouer. « Son avantage est qu’il est dans une position raisonnable. Il n’est pas dans la posture d’un Ousmane Sonko très vindicatif ou belliqueux. Il essaie de prendre de la hauteur, ce qui est bien pour le débat politique et démocratique au Sénégal. Maintenant, il a du chemin à parcourir pour convaincre y compris à l’intérieur du pays, parce que tout ne joue pas uniquement dans la capitale ». 
 
Pour rappel, Khalifa Sall, après sa condamnation, a perdu son éligibilité, qu’il va certainement recouvrir dans quelques jours, avec l’application des conclusions issues du Dialogue national. 
 
Karim Wade toujours hanté par le passé 
 
Karim Wade semble avoir la tâche la plus lourde, d’après l’analyse de Marwane Ben Yahmed. Selon lui, il ne reste plus grand-chose de la machine politique du Parti démocratique sénégalais (PDS) qui devait permettre à Wade fils de briguer le suffrage des Sénégalais. Une situation que le journaliste impute à son père Abdoulaye Wade. 
 
« Il n’a jamais transmis le témoin, parce que la plupart de ses lieutenants ont fini par le quitter, parce qu’ils n’avaient aucune perspective. Et que la plupart d’entre eux se sont même heurtés aux ambitions de Karim. Si vous prenez la liste de tous ses principaux lieutenants à l’époque, Pape Diop, Abdoulaye Baldé, etc., il n’y a plus aucun autour de lui. Donc, ce n’est pas vraiment une machine telle qu’on l’entend. Elle dépend de son chef. Elle a fait des choix politiques en se « rapprochant » de Benno Bokk Yaakaar et de l’APR en étant une opposition assez cool. Ce qui lui a d’ailleurs permis d’obtenir plusieurs postes de députés. Ce qui reste de la machine, je ne pense pas que ce soit tout à fait costaud ». 
 
En dehors de la machine politique PDS, Karim devra aussi travailler ses rapports avec les Sénégalais. « Il a d’abord un problème de visibilité. Il n’est pas là. Il a passé beaucoup de temps en prison, ce qui a participé à lui donner une meilleure stature politique, comme si la prison permettait de devenir un meilleur candidat au Sénégal, parfois. Ça était le cas pour d’autres opposants. Mais je pense qu’il part de loin et qu’il a les mêmes freins qui auraient été les siens quand on parlait de la succession d’Abdoulaye Wade en 2012 avant qu’Abdoulaye Wade décide de se présenter lui-même. Il a besoin, lui aussi, de convaincre, en dehors des élites dakaroises, le pays profond. Ça suppose de parler très bien le wolof, d’incarner pour les Sénégalais un enfant du pays qui a les pieds dans le terroir. Je ne pense pas que ce soit si facile que ça ». 
 
À noter que, comme Khalifa Sall, Karim Wade a lui aussi perdu son éligibilité après une condamnation prononcée par la Cour de répression de l’enrichissement illicite. Une CREI qui a finalement été dissoute au profit d’un pool judiciaire.
 

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