L’Afrique consommera plus de riz importé d’ici 2033 selon l’OCDE-FAO, mais…
L’Afrique consommera plus de riz importé d’ici 2033 selon l’OCDE-FAO, mais…
En Afrique, le riz est la 2ᵉ céréale la plus cultivée et la 3e la plus consommée après le maïs et le blé. Malgré les nombreuses initiatives entreprises aux échelles nationale et régionale, la production au niveau local peine encore à suivre la croissance de la demande.
En Afrique, la dépendance au riz importé devrait augmenter sur la prochaine décennie. Selon le dernier rapport publié par l’OCDE-FAO sur les perspectives agricoles 2024-2033, le continent devrait compter pour 41 % des achats mondiaux de la céréale, soit plus de 26 millions de tonnes de la graminée d’ici la fin de ladite période. Actuellement, la part de la région dans les importations mondiales est de 32 %, avec environ 17 millions de tonnes de riz importés annuellement.
D’après les auteurs du rapport, cette prévision est à mettre en lien avec l’augmentation de la consommation de riz par tête que devrait afficher le continent africain. En effet, un Africain consommera annuellement d’ici 2033, 28,5 kg de la céréale contre 25,1 kg en 2023, soit un taux d’accroissement moyen de 0,79 % sur la période (le second plus important après l’Océanie).
D’un autre côté, la population de la région devrait continuer de croître et atteindre d’ici 2030 1,69 milliard de personnes, selon les données de l’ONU. Ces deux facteurs devraient contribuer à mettre sous pression les filières locales qui n’arrivent pas encore à suivre la demande, ce qui in fine ravivera le recours au marché international pour la satisfaction des besoins.
Dans la région ouest-africaine, principal bassin de production et de consommation de la céréale, c’est le Nigeria qui continuera à dominer les achats internationaux. Le pays devrait presque doubler ses importations de riz à l’horizon 2033 à 4 millions de tonnes, un volume quasi équivalent à celui projeté pour la Chine.
Une course contre la montre pour réduire la dépendance aux importations
Si les prévisions de l’OCDE-FAO pronostiquent l’importance que prendra le riz importé dans les assiettes des consommateurs africains, plusieurs analystes estiment en revanche que rien n’est encore écrit.
Dans la région ouest-africaine qui concentre 60 % des surfaces plantées en riz sur le continent, des possibilités existent en effet pour accroître considérablement la production comme le développement de l’irrigation. Alors que près de 80 % du système de culture du riz dépend des précipitations, l’apport de l’eau via des aménagements peut être une voie pour doper les rendements et mettre en valeur le potentiel rizicole dans de nombreux pays.
En effet, au Nigeria, les données du ministère de l’Agriculture indiquent qu’il y a un potentiel d’environ 4,2 millions d’hectares de terres rizicoles cultivables. Cependant, seulement 17 % de cette surface, soit 720 000 hectares, était équipée d’une installation d’irrigation en 2020 avec un contrôle limité de l’utilisation de l’eau.
Du côté du Sénégal, le Département américain de l’agriculture (USDA) estime le potentiel hydroagricole à près de 240 000 hectares dans la Vallée du fleuve Sénégal (VFS) avec des rendements variant entre 5 et 7 tonnes par hectare contre 2 tonnes dans les zones pluviales. De même au Mali, les superficies propices à l’irrigation sont estimées à près de 2,2 millions d’hectares avec seulement 36 % de ce potentiel qui est exploité.
Plus récemment, le 19 octobre, la CEDEAO a annoncé une stratégie décennale à 19 milliards $ en soutien à la production rizicole dans la région sur la période 2025-2035. Au programme, des interventions au niveau de différents maillons de la chaîne de valeur agricole. Stockage, transformation, engrais, semences. La course contre la montre est lancée.
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