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Biens mal acquis au Gabon: 10 enfants de Bongo, une ex miss France, 70 millions d’euros de saisies…

Biens mal acquis au Gabon: 10 enfants de Bongo, une ex miss France, 70 millions d'euros de saisies…

Dix enfants Bongo, l’ex-miss France Sonia Rolland et la BNP mis en cause, 70 millions d’euros de saisies et des recours tranchés mardi: le volet gabonais des « biens mal acquis » africains en France pourrait prochainement déboucher sur un procès.

« Le dossier est presque terminé », a indiqué début novembre une procureure financière dans un document de l’enquête dont l’AFP a eu connaissance.

 

Mardi, la cour d’appel de Paris doit répondre à trois enfants du défunt président Omar Bongo Ondimba qui contestent leur mise en examen, dont la fille aînée Pascaline.

 

Au total, dix descendants du richissime patriarche gabonais ont été mis en examen depuis mars 2022, comme l’avait révélé l’AFP.

 

Les deux derniers, le 14 juin et le 26 juillet, sont Philomène Kouna, 61 ans et fille adoptive d’Omar Bongo, et Yacine Bongo Ondimba, 32 ans.

 

« Je ne peux toujours pas imaginer que mon père a pu acheter à sa fille un cadeau avec de l’argent volé ou détourné », a affirmé la première. Le second « conteste les faits ».

 

Dans ce dossier foisonnant et vieux de plus de quinze ans, les biens sont soupçonnés d’avoir été acquis grâce à l’argent de la « Françafrique », un puissant système de corruption, de cooptation politique et de chasses gardées commerciales entre Paris et ses anciennes colonies du continent, qui a notamment donné lieu à l' »affaire Elf » en France.

 

En août dernier, le renversement par des militaires du président Ali Bongo Ondimba est venu remettre en cause son immunité de chef d’Etat et le menacer d’être le 11e enfant Bongo à être poursuivi dans ce dossier.

 

« Énormément d’investigations ont été faites dans le dossier » le concernant et s’agissant de son épouse franco-gabonaise Sylvia, souligne un conseil d’un enfant Bongo.

 

« Ali Bongo a perdu son immunité, le dossier enseigne qu’il pourrait être interrogé sinon poursuivi mais sans doute son état de santé dégradé y fait obstacle », a commenté William Bourdon, avocat de l’association anti-corruption Transparency International, à l’origine de cette procédure via une plainte en mai 2007.

 

Il a posé la question au Quai d’Orsay en octobre et indique n’avoir pas reçu de réponse.

 

La justice française a déjà saisi entre 2017 et 2020 des biens immobiliers de celui qui a dirigé le Gabon entre 2009 et août dernier.

Saisies

L’enquête avance ailleurs: trois sociétés civiles immobilières suspectées d’être impliquées dans le réseau de blanchiment ont été mises en examen en octobre et novembre, rejoignant la banque BNP Paribas, mise en cause en août 2021 pour « au moins 35 millions d’euros » de blanchiment allégué.

 

En août et encore en décembre, une dizaine de biens ont été saisis dans des recoins huppés de Paris, en Provence ou sur la Côte d’Azur, pour une valeur estimée à environ huit millions d’euros.

 

Au total, environ 70 millions d’euros de biens ont été saisis à ce jour, a indiqué en septembre une source judiciaire.

 

La cour d’appel de Paris pourrait devoir se prononcer prochainement sur d’autres recours.

 

Me Charles Morel, l’avocat de l’ex-miss France 2000 Sonia Rolland, a ainsi fait appel fin novembre du refus du magistrat instructeur d’accorder un non-lieu à sa cliente, poursuivie depuis mai 2022 pour recel de blanchiment de détournement de fonds publics.

 

Le conseil estimait qu’aucune circonstance ne pouvait conduire l’ex-miss France à s’interroger sur l’origine délictuelle d’un appartement parisien reçu en 2003 d’Edith Bongo, épouse d’Omar Bongo.

 

Mais le juge d’instruction Serge Tournaire considère au contraire que Mme Rolland ne pouvait ignorer le caractère frauduleux de l’opération au vu de ses modalités et des informations qui déjà « circulaient largement sur l’origine de la fortune d’Omar Bongo et le système de kleptocratie mis en place » au Gabon.

 

Après la condamnation, définitive depuis 2021, de Teodorin Obiang dans le volet équato-guinéen, d’autres volets africains du dossier sont à ce jour moins avancés, notamment celui congolais.

 

« Le procès à venir » dans le volet gabonais, « à la différence du procès Obiang, sera celui de tout un clan, et également de tous les complices et bénéficiaires français de leurs forfaits, une première dans la saga des biens mal acquis, une page de la Françafrique », espère Me Bourdon.

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